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Le Café français


 


Chronique hebdomadaire n° 20 - Dimanche 23 mars 2025




Dimanche dernier, je vous donnais rendez-vous au Café Français, à l’angle de la rue de Bagnères. Au premier étage, se réunissait le Cercle Saint-Jean, rendez-vous des notables. Tout en étant catholiques, ils étaient un peu voltairiens, a priori incrédules à de prétendues apparitions. Ainsi pensa et ne cessait de proclamer, au nom de la science, le docteur Dozous : il ne se laissa ébranler que par le « miracle du cierge », le 7 avril. Il devint alors un propagandiste infatigable de sa nouvelle conviction. 


Mais auparavant, il arriva qu’un membre du club vînt témoigner de ce qu’il avait vu à Massabielle, et de son émerveillement. Ce fut le cas de Jean-Baptiste Estrade, contrôleur des contributions indirectes. Autant qu’il avait pu, il avait résisté à ses sœurs qui lui demandaient de les accompagner à la grotte. Il finit par céder.


C’était le 23 février, jour de la septième apparition. Il témoigne : 


Au début des Apparitions, on ne s’entretenait au cercle de Bernadette et de ses révélations que pour en rire et donner essor à quelques pointes d’esprit. Je fus le premier à y introduire l’élément croyant. Dans ces premiers temps, le fait d’être allé à la Grotte constituait une défaillance, presque une honte. Au retour de ma visite à Massabielle, je savais ce qui m’attendait au cercle et je m’étais préparé à recevoir la bourrasque. Les quolibets, les ironies, les sous-entendus ne manquèrent pas, en effet, de se produire. Quand ces messieurs eurent épuisé leur verve, je me retournai à mon tour et leur dis : Quand il y a sur votre place exhibition d’animaux curieux, vous vous empressez tous d’y accourir, vous allez vous extasier devant un mouton à deux queues ou un roussin à quatre oreilles. Moi, je vais à Massabielle : j’y trouve un spectacle qui dépasse tous les spectacles. Permettez-moi, Messieurs, de vous soumettre cette question : de deux individus, dont l’un contemple des roussins et l’autre des tableaux qu’aucun peintre ne pourrait égaler, quel est celui des deux qui vous paraît le plus ridicule ?  


Le même jour, 23 février, paraît, semble-t-il, le premier article de journal sur le sujet : nous le lirons dimanche prochain. 


Une autre histoire est liée au Café Français. Elle est racontée par Etienne de Beauchamp qui fut longtemps président de l’Hospitalité. 


Sur la place du Marcadal, le vicomte de Roussy voit installés au Café Français deux Lourdais qu’il connaissait et qui, revenant d’un mariage, étaient en redingote et chapeau haut de forme : ceux-ci regardent Roussy avec étonnement. « Vous devriez bien venir m’aider », leur dit notre ami. Ils se lèvent aussitôt et tous les trois tirent et poussent la voiture jusqu’à la Grotte. Telle fut dans toute sa simplicité l’origine de l’Hospitalité.

 
 
 

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